La consanguinité dans les populations : synthèse
Il est souvent dit, ou lu, que la
consanguinité entraîne un excès d'homozygotes au sein des populations, sans qu'il soit
précisé à quelle échelle on se situe. Or, au sein d'une population donnée,
- Ceci est vrai s'il y a union préférentielle entre
apparentés (écart à la panmixie) et s'établit en référence aux proportions de
Hardy-Weinberg, compte tenu des fréquences alléliques au sein de la population
considérée.
- Ceci n'est pas vrai, pour des fréquences alléliques
données à une génération donnée, si le régime de reproduction est panmictique et
l'apparition de la consanguinité simplement lié à la limitation des effectifs de
reproducteurs.
En fait, cela est lié à la
définition que l'on donne d'une population. On peut clarifier les choses en faisant
référence au schéma suivant, classiquement employé pour introduire la notion de
dérive génétique (lien en construction).
L'union préférentielle entre
apparentés au sein d'une grande population revient à subdiviser cette dernière en un
grand nombre de ligénes de taille finie, à l'intérieur desquelles la consanguinité va
s'élever. Au sein de chaque lignée les unions demeurent panmictiques, mais
la subdivision en lignées constitue un écart à la panmixie à l'échelle de
l'ensemble des lignées : les individus d'une lignée donnée s'unissent à
d'autres individus de leur lignée, mais pas aux autres. Les conséquences en termes de
constitution génétique peuvent s'énoncer comme suit :
- Au sein de chacune des lignées, du fait des
effectifs limités, les fréquences alléliques en un locus donné vont fluctuer, cette
dérive génétique aboutissant à terme à la fixation d'un allèle particulier dans
chaque lignée. Par contre, ce phénomène se produisant indépendemment d'une lignée à
l'autre, en absence de force évolutive orientée, les fréquences alléliques ne vont pas
changer à l'échelle de l'ensemble des lignées (la moyenne des fréquences sur toutes
les lignées est égale aux fréquences intiales dans la grande population).
- Au sein de chaque lignée à une génération
donnée, les probabilités d'être d'un génotype donné sont conformes aux proportions de
Hardy-Weinberg, compte tenu des fréquences alléliques observées intra-lignée : la
tendance à l'homozygotie ne s'apprécie qu'au cours des générations et est la
conséquence arithmétique de l'évolution des fréquences alléliques vers des valeurs
extrêmes (0 ou 1). Sur l'ensemble des lignées, on constate à chaque génération un
excès d'homozygotes par rapport aux proportions d'Hardy-Weinberg, compte tenu des
fréquences alléliques moyennes sur toutes les lignées.
UFR Génétique, élevage et reproduction (AgroParisTech) ©
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(xavier.rognon at agroparistech) - mise à jour : Novembre 1999 |