La consanguinité dans les populations d'effectif limité (1)
Les "petites" populations
sont définies par le fait que les effectifs des reproducteurs ne peuvent pas être
considérés comme infiniment grands. Dans ce cas, chaque individu a un nombre borné
d'ancêtres potentiels. Par exemple, dans une population où il n'y a que 2 reproducteurs
mâles à chaque génération, deux individus d'une même génération peuvent avoir des
pères différents, mais il leur est impossible d'avoir des grands-pères deux à deux
différents (il faudrait pour cela qu'il y ait au moins 4 reproducteurs mâles à chaque
génération). Ainsi, même en panmixie, la limitation des effectifs impose à un moment
ou à un autre, l'union entre individus apparentés, donnant naissance à des individus
consanguins. Il s'agit là d'un des volets
des conséquences d'un phénomène propre aux petites populations : la dérive
génétique (lien en construction).
1) Observation :
L'élévation de la consanguinité s'établit aisément dans des populations réelles,
dès lors que les généalogies sont connues. Les résultats obtenus sont cependant
conditionnés par la qualité de l'état civil : à structure de population constante, on
peut généralement dire que la consanguinité moyenne des générations les plus
anciennes est sous-estimée car les généalogies des animaux concernés sont moins bien
connues. A titre d'illustration, la figure ci-dessous retrace l'évolution du coefficient
de consanguinité moyen au sein d'une race française de cheval de trait,
le Boulonnais.
Cette race a vu ses effectifs fortement décroitre depuis le milieu du XXème siècle,
pour atteindre, à la fin des années 80, environ 40 étalons et 750 juments
reproductrices. L'évolution erratique du coefficent de consanguinité moyen dans les 20
premières années sur ce graphe traduit sans doute les disparités en matière de
connaissance des généalogies. A contrario, l'évolution constatée depuis 1970
semble traduire une tendance nette et régulière d'accroissement de la consanguinité au
sein de cette race.
Coefficient de consanguinité moyen (en %) des
animaux Boulonnais enregistrés par les Haras Nationaux selon leur année de naissance
- Source : Tellier et al., 1992 -
2) Modélisation : En
matière de consanguinité, les modèles simples de la dérive génétique permettent de
dégager les conclusions suivantes :
Dans une population d'effectif limité, la consanguinité s'élève inéluctablement, même en régime de panmixie. Cette élévation est d'autant plus rapide que l'effectif est faible. |
UFR Génétique, élevage et reproduction (AgroParisTech) © gestion des pages - remarques & suggestions : Xavier Rognon (xavier.rognon at agroparistech) - mise à jour : Novembre 1999 |