Le gène de sensibilité à l'halothane chez le porc


Eliminer l'allèle n des races maternelles (suite & fin)

Pour accélérer la baisse de fréquence de l'allèle n, il a donc fallu compléter le dispositif de dépistage des animaux porteurs. Il se trouve que le locus de sensibilité à l'halothane appartient à l'un des groupes de liaison déjà identifiés dans 1'espèce porcine. Le locus Hal se situe en effet dans la même petite région du chromosome n° 6 qu'un certain nombre de locus gouvernant des systèmes de groupes sanguins et les variants électrophordtiques de plusieurs protéines sanguines ; l'ensemble de la région mesure 6 cM (centi-Morgan). Deux de ces locus se révèlent très utiles car il existe en Landrace Frangais d'importants déséquilibres d'association des gènes entre ces locus et le locus Hal (on parfois de déséquilibre de liaison) : ce sont le locus Phi de l'enzyme phosphohexose isomérase, et le locus Pgd de 1'enzyme 6-phosphogluconate déshydrogénase. Ainsi, comme l'indique le tableau ci-dessous, la connaissance du génotype d'un animal pour le système Phi / Pgd permet de prédire le génotype de cet animal pour le locus Hal. On voit que les allèles PhiB et PgdB se comportent comme des marqueurs de l'allèle Haln, du fait de leur association préférentielle avec ce dernier dans la population considérée.
 
 

Probabilité d'être non porteur de l'allèle Haln (c.à.d. d'être homozygote NN) selon le génotype des reproducteurs aux locus de protéines sanguines Phi et Pgd (seulement quelques génotypes parmi tous les possibles sont donnés ici). Race Landrace Français, animaux dont la réponse au test à l'halothane est inconnue, situation de 1987.  – Source : Saugères et al., 1989 –
 

Génotype

AA / AA

AB / AB

 BB / BB

Probabilité d'être non porteur de l'allèle n

94 %

59 %

30 %

Le recours au typage sanguin, simple à réaliser, est donc un complément du test de sensibilité à l'halothane, permettant de faire la distinction, en terme de probabilités, entre les homozygotes non porteurs et les hétérozygotes porteurs de l'allèle n. L'utilisation de ce dépistage à grande échelle à partir de 1985, dans les stations de contrôle et par les éleveurs-sélectionneurs, a permis une baisse substantielle de la fréquence des homozygotes "sensibles" chez les animaux contrôlés en station, comme l'indique la figure ci-dessous, avec une fréquence nulle depuis 1990. Cette absence d'animaux sensibles ne peut cependant pas être interprétée comme une garantie de la disparition de l'allèle n dans la race, dans la mesure où les éleveurs ont vraisemblablement effectué un tri avant l'envoi en station des animaux en fonction du typage sanguin de leurs parents. Ce résultat, répété sur trois années, indique cependant que la race Landrace Français est aujourd'hui quasiment indemne de l'allèle n, ce qui est corroboré par une étude récente où le génotype exact des animaux a pu être idenfifié.
 

Evolution de la fréquence des individus sensibles à l'halothane chez les verrats Landrace Français contrôlés en station de 1981 à 1992. – Source : Amigues et al., 1994 –



 

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Le gène et ses effets

Nature moléculaire du gène